3 janv. 2012

Kunsthaus Tacheles

Tacheles, le plus vieux squat de la ville semble proche de la fermeture. Cet emblème de la culture alternative s'est installé à la chute du mur dans un ancien centre commercial juif de l’Oranienburgstrasse. Les artistes s'organisent rapidement en collectif et créent l'association du Tacheles. Ce collectif prône un art libre en opposition au monde néo-liberal. Malgré l’état de délabrement avancé du bâtiment, l’association établit une vingtaine d’ateliers identiques à ceux du squat du 59Rivoli à Paris avant sa rénovation. Le Tacheles devient alors le lieu incontournable de la scène alternative à Berlin dans les années 90, c'est l'âge d’or du Kunsthaus Tacheles.

S’en suit une reconnaissance publique avec l’appui des institutions aux travers de subventions. Ces interventions externes entraineront l’explosion du collectif de départ. Pour ne rien arranger, l’Etat souhaite revendre le terrain et coupe les financements en 1996. Le squat devient alors la proie d’investisseurs immobiliers, c'est le groupe Fundus, détenteur du très luxueux Hôtel Adlon, qui rachète le lieu. Ils négocient avec l'association un bail de dix ans pour un mark symbolique par an. En contrepartie, cette dernière s’accorde à laisser l’aménagement et la rénovation futurs du bâtiment. Le Tacheles se compromet largement au grand dam de ses créateurs.

Depuis 2006, les demandes d’expulsion ne cessent d’affluer sans être véritablement probantes. Le Tacheles possède une grande notoriété : 400 000 visiteurs s'y rendent chaque année. Détruire ce squat pour en faire un complexe immobilier semble difficile. Les défenseurs sont confiants et ne sont pas prêts à quitter les lieux.

Selon moi, l’endroit ressemble davantage aujourd'hui à un immeuble désaffecté qu'à un véritable squat artistique. Les productions artistiques sont de qualité discutables et la façon de perpétuer l’esprit même du squat devient ambigüe avec la vente de reproductions de quelques oeuvres déclinées en goodies et la vente de bracelets et de colliers identiques à ceux que l'on trouve dans les stations balnéaires... C'est dommage que ce lieu ait perdu son âme d'origine.

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